Castle class a écrit:J'espère au moins qu'au début, c'est bien la théorie qui prime ! Sinon, ça s’appelle de l'empirisme.![]()
Je pense que, plus que de "pratique", il serait souhaitable de parler "d'expérience"
Pour que vous compreniez mon propos, je suis issu de " l'ancienne école ", des années 1975 jusqu'à la disparition des aides-conducteurs et les nouvelles formations plus portées sur la théorie, n'incluant la pratique qu'en fin de cursus.
C'était un peu le cas avant, un candidat ne pouvait conduire sous la responsabilité d'un conducteur moniteur que quelques semaines avant l'examen.
Mais la réalité était tout autre, puisqu'on roulait en permanence comme agent en second, souvent bien avant d'attaquer la formation qui consistait à produire beaucoup de travail personnel ( je me souviens d'avoir passé plus de deux heures par jours, sur mon temps personnel ). Seuls 3 jours chaque mois était consacrés à des réunions périodiques, débutant par un contrôle des connaissances acquises éliminatoires.
Donc je peux affirmer que l'on avait acquis l'expérience avant d'avoir la partie réglementaire sur les actions de conduite. Perso, j'ai roulé en second un an avant d'aller au service militaire, et quelques mois ensuite avant d'intégrer une formation.
Les conducteurs partageaient le travail, et ne rechignaient pas à mettre un jeune " au manche ", sous leur responsabilité et leur surveillance.
Bien sur celà était très rigoureux, mais si ce n'était pas prévu, tout celà se passait sous l'oeil bienveillant d'une hiérarchie qui savait couvrir et ne pensait pas à ouvrir le parapluie en permanence.
En cas d'incident, de fautes, le mécanicien assumait la responsabilité, prenait pour lui, la hiérarchie savait parfaitement le déroulé des faits ( sans traces écrites bien sur ), et si la cause en était une négligence du jeune, celui-ci était attendu ensuite!
Ainsi allait une profession où tout se passait bien, où la transmission du savoir suivait un peu le schéma du compagnonnage.
Et je peux assurer que l'on arrivait à l'examen final gonflé à bloc, qu'il y avait peu d'échecs, l'écrémage ayant été fait tout le long de la formation!
Et heureusement que l'on était à fond, car si l'écrit était difficile, la partie orale devant des inspecteurs sévères et redoutés, mais justes, avait tout pour impressionner! Mais celà n'était pas innocent, les nerfs étaient mis à rude épreuve, les questions se succédaient à bon rythme, et il fallait rester précis et concis.
L'épreuve pratique sur deux jours marquaient la fin du calvaire, avec, sur les formations effectuées à Trappes, des trains de marchandises le premier jour ( dans mon cas un aller-retour Voutré, desserte des carrières, au départ du Mans, et le lendemain un express semi direct entre Le Mans et Paris, 6 voitures OCEM et un fourgon à essieux, C140, en 25200, avec le parcours Chartres Paris en commande manuelle de secours.....arrêts à Maintenon, Epernon, Rambouillet et Versailles....et un bras gauche douloureux à l'arrivée à Paris! Mais ce n'était pas terminé, 2 heures de dépannage pour terminer!
Tout cela a donné des générations de conducteurs de bonne qualité, débrouillards, bien formés, celà n'a pas résisté à l'équipement des trains à agent seuls.
Mais l'évolution des mentalités aurait elle pu supporter de telles méthodes de formation?