JPGO a écrit:Pourquoi un service public de transport serait-il directement géré par l'état alors que les éboueurs qui ramassent les poubelles (rôle sanitaire largement aussi important) serait des pauvres bougres du privé?
La légendaire sécurité et implication des agents? Allez en causer aux proches des victimes de Bretigny.
Voilà des questions pertinentes. Je pense que l'État ( ou les collectivités territoriales diverses ) est garant du bon fonctionnement des services rendus aux populations, et ce, dans un soucis d'équité, quel que soit le lieu. ( si on imagine une notion exclusive de rentabilité, beaucoup de villages n'auraient ni électricité, ni eau, ni égout, et juste un chemin pierreux pour accès ).
Le fait que ce soit l'État directement ou une délégation, c'est autre chose. Et autre chose encore que l'État ne doive s'occuper que de ce qui coûte!
Le soucis du service public ferroviaire vient d'une dérive, qui a de multiples raisons.
Je suis entré à la SNCF comme apprenti, un peu comme on entre en religion. L'esprit de corps n'était pas une vue de l'esprit, et la notion de service public était autre chose que deux mots creux servant juste à justifier les conflits sociaux au nom de " la défense " de ce service public. Vu de l'intérieur, cela sert surtout à se parler d'une mission quasi divine, alors que beaucoup ne défendent que leurs petits intérêts à court termes.
Puis les mentalités ont évoluées, les techniciens ont cédé la place aux commerciaux à la tête de la SNCF, et alors que l'État était une garantie que la sécurité se plaçait au dessus de la notion de rentabilité, l'aspect "business" à pris le dessus.
On en est donc arrivé à une entreprise qui communicait sur le thème de la sécurité, la vitesse et la ponctualité, à des campagnes de pub tournées uniquement vers des aspects commerciaux et de tarif.
Ce n'est pas propre à la SNCF, la tendance étant de tout payer le moins cher possible sans se soucier des dégâts sociaux.
Cela a été précédé par un formatage des esprits, auquel la SNCF n'a pas échappé. Les mentalités ont changé, et la garantie de l'emploi et le statut, qui doit être une garantie absolue de l'investissement total de ses serviteurs, est devenue une autorisation à se permettre tout et parfois n'importe quoi.
En 35 ans, j'ai eu le temps de constater cette dérive, dont je soupçonne aussi qu'elle était vue d'un certain bon oeil en haut lieu, donnant des arguments aux détracteurs et autres lobbies.
Pas compliqué de se rendre compte de tout ça. Il suffit de se rappeler l'image de la SNCF et des cheminots il y a 40 ans, et celle d'aujourd'hui.
Après l'État à beau jeu de jouer sur cette image pour ne pas avoir à garantir l'égalité des conditions de concurrence, aidé aussi malheureusement par des syndicats plus clientélistes que visionnaires.
Et n'oublions pas cette idée qui voudrait que le rail serait "de gauche", et la route "de droite"! Ce qui est faux bien sur, mais bien entretenu par certains médias. ( l'organisation des TER Alsace est bien la preuve que cette idée n'est qu'une vue de l'esprit )
La France est tout sauf un pays pragmatique! Nous en avons des preuves chaque jours. La force du rail au delà de nos frontières n'est pas idéologique, elle est juste le résultat d'une vision globale des transports, dictée par des notions économiques, selon les avantages et les défauts de chaque mode.