Et puis j'ai réfléchis et me suis dis qu'après tout, il y aura toujours moyen d'échanger intelligemment autour d'un nouveau sujet.
Alors voila la présentation de ce nouveau projet:
1°/ LA RÉALITÉ:
Le port de Rouen est un lieu qui m’a fasciné durant ma jeunesse. Je me souviens de ballades interminables en vélo le long des quais, surtout sur la rive gauche du fleuve où s’étalaient sur plus de 30 km de longueur les infrastructures portuaires aux installations gigantesques. Déjà dans ma jeunesse des années 50-60, la partie du port sise près du centre ville avait vu son activité baisser fortement, la guerre ayant provoqué d’innombrables dégâts. La reconstruction qui suivi s’étala des années 1946 à 65 mais cette partie du port ne retrouva jamais son activité d’antan. Sur la rive droite, jusque à la fin des années 60, de grands trains de wagons de la STEF passaient bien encore de temps en temps, mais c’était le chant du cygne car l’activité portuaire dans le centre ville était bien en train de mourir.
C’est donc à une époque établie juste avant guerre que j’ai décidé de reproduire une minuscule portion du port de la rive gauche du fleuve située près du pont Boieldieu. Évidemment compte tenu de la place dont je dispose, il ne peut s’agir d’une transposition intégrale mais plutôt d’une restitution de l’ambiance de cette partie du port. Être moins dans la lettre que dans l’esprit.
Outre mes souvenirs de jeunesse, voici une partie de la doc dont je dispose et dans laquelle j’ai retrouvé des photos capables de m’inspirer, y compris des photos de lieux que ma mémoire avait oubliées ou d'autres encore racontant une histoire que je n'ai jamais connue.
Cette photo prise juste avant la guerre, vers 1937 ou 38 montre la Seine au niveau du pont Boieldieu. Le premier pont « bas » ne permettant plus aux navires de fort tonnage de remonter le fleuve plus en amont. Ce dernier étant le domaine réservé des péniches. Tout en haut à droite le grand bâtiment est celui des Docks de Rouen. Au centre en haut, c’est la gare d’Orléans précédée de la place Carnot, lieu où vécut ma mère dans sa jeunesse. A l’extrême gauche, on devine sur le fleuve l’amorce de l’ile Lacroix. Détail curieux : les trainées boueuses laissées dans l’eau par les piles du pont. Dans le sens où elles se dirigent, vers l’amont, c’est le signe que la marée est en train de remonter rapidement. C’est une curiosité du port de Rouen dont l’embouchure du fleuve est située à plus de 100 km de la mer et qui subit des marnages parfois, lors des grands coefficients de marée, de plus de 5 mètres de hauteur.
Le pont Corneille desservait l’ile ( et la dessert toujours !) en même temps qu’il joignait les deux rives. En haut à droite, la gare d’Orléans et complètement à gauche : la gare St Sever. Ces deux gares terminus avaient leurs « avant-gare » réunies par une passerelle à double voie que l’on voit en haut de la photo et qui enjambait la rue Lafayette (où je suis né) et la rue St Sever.
Une autre vue des Docks de Rouen et au font le pont transbordeur (détruit durant la guerre) dont le gabarit permettait aux gros navires de remonter jusque dans le centre-ville. La partie qui m’intéresse particulièrement est celle située devant les Docks de Rouen et les Magasins Généraux de Paris (entre les traits rouges). Le plan des voies portuaires est assez complexe et offre de nombreuses possibilités de manœuvre. Le quai du Havre situé en face, sur la rive droite du fleuve, recevait souvent des petits paquebots venus faire escale à deux pas du centre ville ainsi que des bateaux de guerre venus à Rouen faire relâche..
Les remorqueurs à vapeur pouvaient remonter la Seine plus en amont grâce à un ingénieux système permettant de basculer la cheminée vers l’arrière presque jusqu’à l’horizontale. C’est exactement ce que le remorqueur est en train de faire et c’est une image que j’ai gardé en souvenir de ma jeunesse, ces petits bateaux crachant une fumée noire, fonçant tête baissée sous les ponts.
Cette vue du quai du Havre situé rive droite, prise dans les années 25 -30 montre bien l’ambiance du port de Rouen d’avant guerre. A cette époque la ville recevait plus de 80% du pinard importé d’Algérie et en conservait environ 10% pour sa consommation « personnelle ». Il fallait compter une douzaine de jours pour décharger tous les fûts d’un seul navire.
Il y en avait tant que les fûts étaient stockés jusque dans les rues adjacentes au port comme ici sur l’avenue Pasteur, avenue perpendiculaire au port. Mais bon on s’écarte du sujet. Çà c’était pour la rive droite peuplée d’alcooliques notoires !

En 1940 l’arrivé des allemands avait généré d’assez gros dégâts sur les quais de la rive gauche. Les magasins généraux de Paris (en haut à droite) avaient été totalement rasés et l’immense bâtiment des docks de Rouen était en ruine. En 1944 c’est l’ensemble des constructions sur la rive gauche qui sera rasé sur une profondeur de 600 à 800m et sur une longueur de 3 kilomètres. Les gares d’Orléans et St Sever seront totalement détruites et ne seront jamais reconstruites.
Il me faut maintenant procéder à une savante extrapolation afin d'arriver à faire entrer le port de Rouen dans mon grenier

Pour ce faire je dispose d’un rectangle de 95cm de largeur pour 4,50 mètres de longueur venant s’inscrire à l’intérieur de mon réseau existant et devant se raccorder à ce dernier par 3 points de jonction.
Le plan de voie est suffisamment complexe pour être intéressant. Cette vue prise peu de temps avant la guerre montre 5 voies parallèles devant les docks et 2 bretelles doubles successives. Encore qu’ici on ne voit que l’amorce de la seconde bretelle. La taille du camion (au bout de la flèche) donne bien l’échelle de cet énorme bâtiment qu’était celui des docks de Rouen que je souhaiterais, au moins en partie, reproduire mais pour lequel je n’ai trouvé aucun autre document que que quelques rares clichés photographiques. J’essaierai de faire avec, à moins que l’un d’entre vous ai des dessins ou des plans.

Le même quai, mais la photo a été prise avant la première guerre mondiale vers 1910. A cette époque la voie des grues n’était pas encore posée et le tracé des voies ferroviaires était plus simple. Détail original : ces grues flottantes posées sur un ponton et qui permettaient des transvasements d’un bateau à l’autre, notamment des petits cargos dans des péniches.
J’ai dessiné sur un calque ce nouveau projet en reportant minutieusement les dimensions dont je dispose. Les voies ainsi que les appareils sont dessinés « à l’ancienne ». Pas besoin de logiciel pour établir un plan de voie. Je sais que la voie Peco à un angle de déviation de 12°, il me suffit donc de tracer les axes des voies pour avoir une idée très précise de l’implantation. J’ai prévu 4 tiroirs plus ou moins cachés pour effectuer des manœuvres. Les grands bâtiments des docks de Rouen et des Magasins Généraux de Paris seront accolés au fond de décor. Sur la gauche, La place Carnot ainsi que les premiers immeubles qui la ceinture sera placée en surplomb des voies existantes qui ainsi deviendront cachées. L’amorce du pont Boieldieu sera réalisée de biais pour faire un diviseur scénique avec la passerelle située tout en bas à gauche. Les 3 raccordements des voies au réseau actuel (1 en bas à gauche avec la passerelle et 2 à droite en haut et en bas) ont aussi été prévus sur le plan. Voila pour le projet ; y a plus qu’à !
Et vivre assez vieux pour pouvoir le terminer !
La suite un peu plus tard...